C'est par un bel après midi que nous nous sommes retrouvés à Bénodet pour une balade de plus de 9 kms.
Mais connaissez vous l'histoire de Bénodet?
Alors je vais vous la conter :
Au Moyen Âge, la remontée de l'Odet n'étant pas des plus aisées pour les navires de commerce, Bénodet servait d'avant-port commercial à Quimper. Au xiiie siècle, le port de Bénodet était relativement important et armait pas moins de dix navires pour le compte de négociants quimpérois qui commerçaient principalement avec Nantes et Royan. En échange de poissons bretons utilisés dans la fabrication de pâtés bordelais, les navires revenaient chargés de raisin et de vin. Sur la rivière de l'Odet, la petite anse de « Porz ar Gwin » ("le port au vin") reste le témoin du passage de ces navires pinardiers qui rythmèrent la vie du port de Bénodet et de la rivière, vers Quimper, jusqu'aux années 1970.
En 1596, Bénodet devient le repaire d'un chef de guerre et brigand ligueur, Christophe d'Arradon, baron de Camors, qui vint s'établir à Bénodet après avoir été chassé d'Audierne et Pont-Croix, rançonnant les marchands de Quimper, Pont-l'Abbé et l'Île-Tudy et rendant tout commerce impossible. Le , des bateaux appartenant à la troupe du soldat ligueur et brigand Guy Éder de La Fontenelle, attendaient dans le port de Bénodet pour prendre part au pillage. En 1648, une dizaine de pirates espagnols installés aux Glénan rendent tout trafic du port quasi impossible.
Au xviie siècle, Bénaudet (orthographe utilisée à l'époque) est sous la mouvance des seigneurs de Bodigneau (Bodinio) en Clohars-Fouesnant, mais fait partie de la paroisse de Perguet.
Benjamin Girard, dans son livre « La Bretagne maritime », publié en 1889, décrit ainsi Bénodet les siècles précédents :
« Bénodet était il y a trois siècles un hameau habité par quelques familles de pêcheurs. Dès cette époque, son mouillage offrait un abri précieux aux navires surpris par le mauvais temps entre les Glénan et Penmarc'h. (...) Pendant les guerres du Premier Empire, un grand nombre de navires, chargés d'approvisionnements divers à destination de Brest, purent aborder à Bénodet, en échappant à des croiseurs anglais, obligés, par les dangers de la côte, à se tenir au large. Une corvette de la marine impériale s'y réfugia ; bientôt attaquée par des péniches anglaises armées d'artillerie légère, elle repoussa cette attaque grâce à l'appui des batteries de côte dont les défenseurs furent efficacement secondés par les habitants du pays. (...) Bénodet est un lieu de relâche très fréquenté : le mouillage y est excellent et on y trouve, à certains endroits, plus de 10 mètres d'eau à mer basse. La Compagnie des Indes eut, dit-on, le projet d'y faire un port. Deux fanaux, l'un à la pointe du Coq, l'autre à la Pyramide, indiquent la direction à suivre pour entrer dans l'Odet. Un troisième feu, situé sur la rive de Combrit, près du sémaphore, sera prochainement allumé. (...) Les ouvrages du port actuel comprennent un quai de 53 mètres de longueur et une cale perpendiculaire à ce quai, dont la longueur est de 66,50 mètres. À l'extrémité de cette cale les navires trouvent, à haute mer 4 m en vive eau ordinaire et 2,83 m en morte eau. Le commerce local consiste en quelques expéditions de poteaux de mines vers l'Angleterre et de bois à brûler pour les ports voisins ; 18 chaloupes y font la pêche côtière, principalement celles du congre et du homard. »
Selon une étude effectuée par René Bleuzen79, malgré sa situation littorale, les paysans prédominaient : en 1849 : une centaine des électeurs de Perguet, sur un total de 149 électeurs, étaient alors cultivateurs.
Le bulletin du conseil général du Finistère de décembre 1877 écrit : « Le conseil municipal de Perguet demande que la commune soit autorisée à échanger le nom de Perguet contre celui de Bénodet »93 ; le conseil général donne un avis favorable dans sa séance du .La commune de Bénodet est née.
Bénodet comptait environ 150 habitants en 1878. C'était la seule agglomération de la commune et seules quelques routes encaissées y menaient.
En 1884 une école de garçons ouvre à Bénodet
Jusqu'à la Révolution française, les deux seigneuries possèdent conjointement les droits de passage de l'Odet entre la cale du Perguet (du nom de la paroisse de Perguet, ancien nom de l'actuelle commune de Bénodet) et celle de Sainte-Marine, qu'ils afferment tous les six ans au plus offrant. Après la Révolution française, le département du Finistère prit en charge le bac permettant de relier Sainte-Marine et Bénodet. Le fonctionnement du bac était aléatoire ; c'était au début du xixe siècle une simple barque permettant de faire traverser les piétons. Le premier véritable bac mis en service en 1817, se mouvant à la rame et à la godille, disparaît lors d'une tempête en 1823 et un nouveau bac, grand, avec un équipage de huit personnes, est alors construit, mais il est abandonné en 1835. D'autres adjudicataires du contrat d'affermage se succèdent, mais la traversée reste irrégulière et incertaine.
En 1890 la mise en service de deux bacs charretiers de 10 mètres de long et trois mètres de large est un grand progrès ; un essai de service assuré par une régie départementale échoue et le bac est à nouveau affermé . Le l'un des bacs fait naufrage en raison de son manque d'entretien et de sa vétusté mais sans faire de victimes. Renfloué il reprend du service jusqu'en 1905, le second continuant toutefois à fonctionner. En 1906, Adrien de Baroncelli écrit : « Au hameau de Sainte-Marine, un grand bac à rames permet de traverser l'embouchure de l'Odet. Ce bac transporte au besoin des automobiles, néanmoins l'embarquement et le débarquement ne sont pas commodes ; enfin si plusieurs voitures doivent passer, on risque d'attendre longtemps son tour ». Le tarif est alors de 5 centimes pour les piétons, 10 centimes pour les bicyclettes, 2 francs pour les automobiles et la durée de la traversée est estimée à six minutes.
Le premier bac à vapeur, long de 15 mètres et large de huit mètres, est mis en service le : il est tracté par des chaînes mouillées s'enroulant autour d'un tambour, mais il doit cesser son fonctionnement dès 1925 car le mécanisme a mal vieilli et les pannes étaient trop fréquentes.
Un nouveau bac à vapeur est inauguré le , mais coule lors d'une tempête (le patron aurait oublié de fermer l'un des hublots !) dans la nuit du 4 au dans le port de Bénodet ; il est renfloué et reprend du service après réparations le jusqu'au , jour où les Allemands le dynamitent.
Une vedette à moteur, puis un chaland provisoire en bois le remplacent alors, la liaison n'étant rétablie avec un véritable bac qu'en 1951 : ce bac peut charger un maximum de 20 voitures et, très vite, est engorgé, principalement en saison estivale, en raison de l'accroissement du trafic (28 000 véhicules en 1951, 135 000 en 1964, 290 000 en 1971, le bac fonctionnant alors 18 heures par jour). Le temps d'attente avant d'embarquer peut être supérieur à une heure et de nombreux automobilistes, ainsi que les poids lourds, doivent faire le détour par Quimper où la rocade sud et le pont de Poulguinan (qui permet de traverser l'Odet juste en aval de Quimper) n'existent pas encore (mis en service en 1974).
La mise en service le du Pont de Cornouaille, construit par le département du Finistère entre Le Cosquer en Combrit et Kergos en Clohars-Fouesnant, également appelé « pont de Bénodet » permit de relier enfin sans problèmes les deux rives de l'estuaire de l'Odet, donc le Pays fouesnantais au Pays Bigouden, même s'il fut à péage jusqu'en 1987, date de l'amortissement de ses frais de construction.
La naissance d'une station balnéaire
Dès le Second Empire, le site de Bénodet commence à attirer une population aisée à la recherche de lieu de villégiature et les premières maisons élégantes voient le jour à proximité du port.
Mais le développement de Bénodet est directement lié à l’arrivée du chemin de fer à Quimper en 1863. Ainsi, dès 1870, Bénodet commence à voir se développer une nouvelle forme de tourisme élégant, adepte des bains de mer. En août 1875, sont organisées des manifestations nautiques constituant de fait un lancement quasi officiel de la station. Cette pratique balnéaire intègre alors l'histoire de Bénodet au même titre que le furent la pêche ou l'agriculture.
Le bourg, jusque-là regroupé autour du port, va alors s’agrandir et se transformer de façon continue jusqu’à aujourd'hui. De grandes propriétés, des villas (certaines sont classées) voient le jour le long de l'estuaire de l'Odet ; par exemple c'est en 1875 que Fernand Dauchez, avocat et important homme d'affaires parisien, découvre Bénodet et achète la propriété de Kergaït qui domine l'Odet à l'entrée de l'anse de Penfoul, qui fut son lieu de vacances d'été jusqu'à son décès en 1925.
Si la première auberge, faisant aussi hôtel, ouvre dès le début du xixe siècle, plusieurs hôtels sont construits à la fin du xixe siècle, face aux plages ou à la rivière, le plus connu étant le "Grand Hôtel", construit en 1880, où descendirent artistes, gens de lettres et "yatchmen" souvent britanniques.
Autant d'éléments qui accélèrent, au tournant du xxe siècle, un essor touristique qui ne cessera de croître par la suite et qui finira par conférer à Bénodet le statut de station balnéaire de plus en plus fréquentée, par exemple en août 1892, Sarah Bernhardt vint se reposer un mois à Bénodet.
Le 1, en vertu de la Loi du 1er juillet 1901, un arrêté du préfet du Finistère laïcise l'école de Bénodet.
Des travaux d'élargissement du quai du port de Bénodet sont effectués en 1906. En 1912, 118 élèves sont inscrits à l'école de Bénodet, mais 25 ne peuvent être admis, faute de place. Une seconde classe ouvre enfin en 1913. L'école de Perguet compte 98 élèves en 1912.
Un bureau de bienfaisance ouvre à Bénodet le .
La Première Guerre mondiale
77 personnes originaires de Bénodet sont mortes pour la France pendant la Première Guerre mondiale.
La vie à Bénodet pendant la Première Guerre mondiale est racontée dans un article de Louis Ogès, à l'époque instituteur et secrétaire de mairie ; il évoque l'atmosphère lors de la déclaration de guerre qui perturbe la "saison touristique" qui alors battait son plein, la peur des paysans de ne pas pouvoir faire les moissons, l'inauguration dès le d'une plaque commémorative offerte par le maire Bouilloux-Lafont et destinée à recevoir les noms des enfants de Bénodet morts pour la patrie (elle s'avéra hélas beaucoup trop petite), l'installation par le maire d'un hôpital bénévole pour convalescents (le plus célèbre fut Guillaume Apollinaire) de 27 lits dans l'Hôtel de la Plage. Des torpilleurs furent basés à Bénodet pendant la guerre.
Dès le début du siècle dernier, l'estuaire et la baie devinrent un lieu de rendez-vous des yachtmen naviguant dans la région ou venant d'outre-Manche. Leurs yachts faisaient alors escale à Bénodet.
Le , le conseil municipal proteste contre les extractions de sable sur la plage du Trez, sinon « dans une année ou deux, la réputation de Bénodet comme station balnéaire ne sera plus qu'un mythe et ce sera pour les habitants la plus affreuse misère ». En 1913, pour la première fois, la plage du Trez est surveillée pendant la saison balnéaire, avec le concours des Hospitaliers-Sauveteurs bretons.
Un recensement effectué le montre que 359 personnes étrangères à la commune y résidaient alors ; dont 30 étrangères, ce qui montre que la station avait déjà à l'époque un début de rayonnement international.
C'est durant l'été que la station était la plus fréquentée et, dès les années 1920, différentes animations estivales virent le jour à Bénodet. Bénodet est classée officiellement "station climatique" en 1919 et "station de tourisme" par un décret du . En 1921, 57 villas en location sont recensées et 322 chambres d'hôtel. Vers 1930, de 1200 à 1500 touristes fréquentent chaque année Bénodet. Une taxe de tourisme est perçue à partir de 1932 et le syndicat d'initiative est créé dès 1934.
En 1923 est décidée la construction de l'école de hameau de Menez Groas. L'école privée Notre-Dame ("Steredenn Vor") ouvre en 1927.
Un devis pour le projet de construction d'un réseau d'adduction d'eau potable est accepté en 1929 et un éclairage public est mis en place à partir de 1930.
Un décret du autorise la création d'un bureau de bienfaisance dans la commune de Bénodet.
Une équipe de football, l'"Étoile de Bénodet", existe dans la décennie 1930.
La Seconde Guerre mondiale
Vingt personnes de Bénodet sont mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 1942, la marine de guerre allemande installe à Bénodet, l'arsenal de Lorient ayant été partiellement détruit par les bombardements alliés, une base de réparation et d'entretien pour ses dragueurs de mines.
Un groupe de résistants FFI créé à l'initiative de Maurice Capron, membre du réseau "Vengeance ", se développa à Bénodet. Maurice Capron, arrêté par la Gestapo fin février 1944, déporté d'abord au camp de concentration de Neuengamme, est mort d'épuisement en déportation à Fallersleben (près de Wolfsburg) le .
Le , le grand phare de Bénodet est décapité à mi-hauteur par les Allemands ; le phare du Coq et celui de Combrit, le dock, le bac sont également dynamités, ainsi que les bouées de la Rousse et de la Potée, ce qui représente une gêne considérable pour la navigation (par contre les cales d'accostage de Bénodet et Sainte-Marine restent intactes) ; les Allemands quittent Bénodet le lendemain, après avoir jeté dans le port de grands quantités de munitions. Le grand phare fut reconstruit à l'identique en 1950.
Le , un détachement de la marine FFI, fort de 115 hommes, s'installe à Bénodet et démine le port, qui sert de mouillage pour les marines alliées. Le port de Bénodet est à nouveau libre d'accès dès la fin du mois d'août 1944,
À partir des années 1950, mais surtout dans les décennies 60-70, dans la mouvance de démocratisation de la pratique de la voile initiée pour partie par l’école de voile des Glénans, Bénodet connut des années rythmées par les régates de dériveurs et l’activité de ses écoles de voile (YCO et UCPA). Devant la grande plage, quelques précurseurs firent évoluer les premiers catamarans puis les premières planches à voile. À proximité de Bénodet, sur les rives de l'Odet, Éric Tabarly choisit un jour de s'installer et son Pen Duick évoluait régulièrement dans la baie.
Le "Palais des Congrès" est ouvert le , le cinéma et la thalasso un peu plus tard.
En 1971 ouvre le groupe scolaire de Kernével, ce qui entraîne la fermeture des autres écoles publiques.
En 1992, Bénodet faisait partie des 10 communes bretonnes ayant la plus forte capacité d'accueil en nombre de places de camping.